Le rapport entre l’homme et la parole est l’une des composantes modernes des relations personnelles. Personne ne met en doute le fait que la parole soit un miracle, une réalité extraordinaire. La parole est la vie et elle donne la vie. Lorsqu’une mère donne vie à son enfant, elle lui fait un très grand don, mais quand elle lui apprend à dire ses premiers mots, elle lui confère une seconde vie, aussi importante que la première, et peut-être même encore plus stupéfiante. La mère aide à faire naître la pensée de l’enfant, à développer son intelligence et sa créativité, à faire émerger en lui les premiers signes de l’affectivité : en l’aimant, elle lui apprend à aimer. La parole fait de l’enfant une personne capable de communiquer et d’établir des relations avec les autres.
Nous sommes tellement habitués aux paroles que, souvent, nous ne prenons pas en compte leur valeur, leur force, leur efficacité. Il peut être utile de réfléchir à ce propos pour en saisir la dignité. Il nous arrive parfois de gaspiller des paroles, de prononcer des paroles vides qui ne veulent rien dire, de consommer des paroles.
Nombreux sont les risques et les dangers liés à l’usage et à l’abus de la parole. Parmi lesquels il faut également prendre en compte le sentiment qui nous fait penser avoir fait quelque chose uniquement parce que nous en avons parlé. Combien de fois sommes-nous conduits à remplacer l’engagement effectif et les choix opérationnels par une expression efficace et bien tournée ! Nous pourrions appeler « verbalisme » cette attitude : une habitude de lettrés ou de moralistes, de personnes, en somme, qui ont l’habitude de bien s’exprimer, avec une grande propriété de langage. Mais nous sommes également tous, sous différents aspects, enclins à adopter cette attitude.
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