LA LIBÉRATION DU MAL Le Notre Père et le Psaume 22
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Dans la version italienne du Notre Père, la demande concernant la tentation a été reformulée : au lieu de « Ne nous soumets pas à la tentation », on dit « Ne nous abandonne pas à la tentation ». Ce choix, dû à des préoccupations pastorales (afin de ne pas penser que Dieu veut nous « conduire » à pécher), incite à réfléchir sur le sens des paroles de la prière que Jésus a enseignée (selon saint Luc, à la demande d’un disciple ; selon saint Matthieu, dans un long sermon prononcé sur la montagne).

Ceux qui demandent de ne pas être abandonnés à la tentation pensent-ils à des épreuves spécifiques ? Aux tentations et aux épreuves de la vie ? Ou à un grand mal et à une grande tentation finale ? La demande d’être délivré du mal est-elle différente de la demande concernant la tentation, ou est-elle une précision de cette demande ? Quel est le mal dont nous demandons à être délivrés ? Est-ce toujours et pour tous le même mal, ou prend-il des formes différentes, selon les époques et les circonstances, pour les individus et pour certains groupes ? Pourquoi le Seigneur devrait-il nous abandonner, ou nous conduire, dans l’épreuve ? Lui qui est un bon Père, ne devrait-il pas plutôt empêcher la tentation, en plus de nous délivrer de toutes les formes de mal, y compris les pandémies et les guerres ?

La version courte du Notre Père de l’Évangile de Luc, à la différence de la version longue de l’Évangile de Matthieu, se termine par la demande de ne pas se laisser entraîner dans la tentation, ou de ne pas être abandonné à la tentation, selon la formulation de cette demande dans la traduction biblique CEI de 2008 adoptée par le nouveau Missel romain et dans la récitation communautaire du Notre Père. Une demande similaire revient dans l’épisode de Gethsémani, lorsque Jésus invite les disciples – qui ne parviennent pas à rester éveillés avec lui – à prier « pour ne pas entrer en tentation ». De plus, à Gethsémani, Jésus s’adresse au Père avec l’invocation de la version courte du Notre Père : en grec, Pater ; en araméen, Abba, que l’on peut traduire par « papa ». Jésus demande au Père d’éloigner la coupe de la souffrance, mais il s’en remet à sa volonté, comme on dit à la fin de la première partie du Notre Père dans la version de Matthieu.
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