Le bonheur est difficile à définir avec précision : il renvoie à une vaste gamme de synonymes, ouverts à des significations et à des directions différentes (bien-être, satisfaction gratification, plaisir, joie, contentement). En même temps, c’est une notion reconnue par des hommes de tout âge et de toute culture : les questions sur le bonheur sont comprises en tout lieu du monde. Les personnes qui vivent dans des pays étrangers et qui parlent correctement au moins deux langues fournissent des réponses comparables dans chacune des langues, même si les idiomes sont très différents entre eux (par exemple, l’anglais et le chinois). On constate la même chose dans des nations où l’on parle des langues différentes, par exemple en Suisse : les réponses ne présentent pas de différences significatives en fonction de la langue — italien, français ou allemand — dans laquelle les questions ont été formulées. Ce n’est pas la culture ou la langue qui fait la différence.
Un autre élément commun peut être révélé : le bonheur n’est pas à notre disposition, ce n’est pas quelque chose produit par nos mains. On ne peut que l’accueillir quand il fait son apparition, au moment le plus inattendu. C’est pour cela que le bonheur a été comparé à un papillon, qui échappe à la prise de celui qui le poursuit, pour venir ensuite se poser sur nous quand nous sommes tranquillement assis. À cause de son caractère insaisissable, les anciens nommaient le bonheur eudaimonia, l’œuvre d’un « bon démon » : il parle à l’homme d’une dimension supérieure, dont il n’est pas la mesure, mais qu’il est capable de reconnaître et d’accueillir.
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