Quand le pape François parle de synodalité, il insiste souvent sur l’importance de l’Esprit Saint. Par exemple, il décrit l’Esprit comme le « grand protagoniste de l’Église », exhorte continuellement à écouter « ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2,7) et affirme que nous devons accueillir la nouveauté que l’Esprit peut nous apporter. Les théologiens se sont mis dans cette disposition. Lors d’un récent colloque théologique sur la synodalité, tenu à l’Université grégorienne du 27 au 29 avril 2023, l’action de l’Esprit dans les baptisés, dans l’Église et dans le monde a été mise en évidence.
Il est bon de s’attarder sur le rôle protagoniste du Saint-Esprit aussi pour une raison plus précise. Selon Austen Ivereigh, le biographe du Pape, la foi en l’action de l’Esprit est l’un des deux éléments qu’il faut reconnaître pour « saisir » l’idée de synodalité de François. Nous proposons ici d’exposer quelques hésitations à parler de l’Esprit Saint qui ont parfois caractérisé l’Église d’Occident. Dans cette optique, les déclarations du pape François sur l’Esprit Saint en relation avec la synodalité ressortent et dessinent ce que l’on pourrait appeler une « reconfiguration pneumatologique de l’Église ». Tout comme la synodalité implique des changements (ou des reconfigurations) pour trouver l’équilibre entre l’autorité hiérarchique et le peuple de Dieu dans son ensemble, ainsi en est-il aussi du Christ et de l’Esprit. L’attention portée à l’Esprit, inhérente à la synodalité, complète l’estime habituelle de l’Église occidentale pour le Christ par une réévaluation de l’Esprit.
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Dix ans après la tenue de la Ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes (Celam), qui eut lieu dans la ville brésilienne d’Aparecida du 11 au 31 mai 2007, il est intéressant de s’interroger sur la manière dont elle a marqué la vie du subcontinent et de l’Église universelle.
Au cours de ces dix années, l’Amérique latine a vu sa population augmenter d’environ 70 millions d’habitants, mais au niveau mondial, son poids politique et économique s’est réduit face à la croissance de l’Asie et de l’Afrique. En outre, elle doit se confronter à une opposition sociale qui semble clore le cycle des gouvernements qui proposaient une narration populaire — pour certains, populiste — et ouvrir celui des gouvernements qui, de manière pragmatique, cherchent à conquérir le vote de ceux qui n’ont pas d’idéologie définie et qui représentent habituellement plus de la moitié de l’électorat dans chaque pays.
Au niveau mondial, l’atmosphère optimiste, née après-guerre, qui donnait au « centre » l’assurance d’atteindre l’avenir et à la « périphérie » l’impatience — face aux difficultés rencontrées — de le rejoindre, s’est dissipée. Aujourd’hui, nous faisons face à un monde plus dur (il suffit de penser aux murs construits pour tenir à l’écart les immigrés) et plus sceptique par rapport aux projets inclusifs et à long terme. Mais malgré tout, un vent différent souffle au sein de l’Église, on y respire un air frais et nouveau.
Il est important de noter que cette fraîcheur apportée par le pape François n’est pas quelque chose d’improvisé ou qui lui est exclusivement propre. Elle a connu un précédent à Aparecida, où la méthode de travail synodale encouragée par le cardinal Bergoglio, à l’époque président de la Commission de rédaction du « Document final » (AP), suscita dans l’assemblée l’humble maturité d’un large consensus.
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