Avant que les controverses sur les mystères de la Trinité et de l’Incarnation n’engagent les pasteurs dans des débats doctrinaux toujours plus précis à partir du IVe siècle, vers la fin du IIe siècle, nous trouvons en Irénée un théologien qui sait mettre en évidence la cohérence d’ensemble de la foi « catholique », c’est-à-dire, au sens propre, la foi considérée « selon » (κατά) le « tout » (ὅλον). Sans ce fondement « général » (καθολικός), la théologie dans ses diverses dimensions ne constituerait pas un corpus unitaire de doctrines mais une pile de dossiers sans liens organiques. Irénée explicite ce fondement en se servant d’images suggestives, comme celle de la « symphonie » qui fonde en une unité les notes apparemment discordantes des différents instruments ou celle de la mosaïque qui compose, avec des pierres de couleurs différentes, l’image de l’unique Roi.
Cette mentalité holistique est, selon Irénée, propre au « disciple vraiment « spirituel » », non pas dans au sens de celui qui s’occupe uniquement de l’esprit en négligeant le reste, mais de celui qui « a reçu l’Esprit de Dieu » et donc, comme Paul le dit, « juge de tout, sans pouvoir être jugé par personne » (1 Co 2,15). En effet, il ne dissocie pas les différents contenus de la foi mais les maintient ensemble dans l’unité, de sorte que « le corps de la vérité reste intact, harmonieux quant à la connexion des membres et sans disjonction » (AH II, 27.1). À cette mentalité holistique s’oppose celle de la division, typique de ceux qui ne participent pas à l’Esprit de Dieu. Irénée commence par examiner les nombreuses formes de « dissociation » qui conduisent à l’erreur.
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