C’est presque un lieu commun d’affirmer que la liturgie « fait parler d’elle » ; et cela est d’autant plus vrai si on le dit à propos de la musique liturgique. Signe que la célébration n’est plus — ou est de moins en moins — vue et ressentie comme une cérémonie officielle et distante : elle touche au contraire les cordes les plus profondes de beaucoup de personnes, y compris de celles qui n’y participent pas de manière constante et régulière. L’aspect musical, quelle que soit la forme qu’il prenne, lorsqu’il est intégré dans le rite célébré, ne laisse personne indifférent, il suscite des réactions, il fait naître des questions, des recherches et des propositions.
Les prises de position du concile Vatican II sur ce thème — et les conséquences opérationnelles qui en ont découlé — ont sans aucun doute eu un impact concret qui représente un événement aux multiples facettes, qui ne cesse de replacer au cœur de la vie du croyant une expérience riche, profonde, pénétrante. Nous recevons également tous les retombées médiatiques de cette expérience, ou pour le moins les résonances les plus immédiates, que la pratique liturgique nous livre, parfois de manière vive et discutée.
Le chant et la musique instrumentale ont été historiquement intégrés à la liturgie à des époques différentes et de diverses manières, aussi bien en Europe que sur les autres continents, à la suite de la diffusion géographique du christianisme. L’histoire de la musique dans la liturgie est aujourd’hui considérée comme un chapitre essentiel de l’historiographie des rites. Adoptant maintenant une chronologie plausible pour encadrer de manière appropriée les considérations qui suivent, mais surtout pour tenir compte du grand événement du concile Vatican II — qui a consacré son premier document (la Constitution Sacrosanctum Concilium [SC], 1963) à la liturgie, et donc à sa musique —, une réflexion sur ce thème doit partir de la période qui précède tout juste le Concile lui-même et couvrir les cinquante ans qui ont suivi.
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