Raphaël Sanzio et Martin Luther sont contemporains. Le peintre est né le 6 avril 1483 à Urbino en Italie centrale, le religieux le 10 novembre de la même année à Eisleben en Saxe. Le peintre gardera toujours une longueur d’avance.
Quand Luther accompagne son Provincial, Johannes von Staupitz, à Rome en 1510, pour régler un problème concernant leur Ordre, les Ermites de Saint-Augustin, il n’est encore qu’un jeune moine, entré dans la congrégation cinq ans plus tôt. Il passe pour un religieux ascétique, intelligence vive et caractère bien trempé, mais rien ne laisse encore imaginer les positions révolutionnaires qu’il soutiendra dans les années 1520.
De son côté, Raphaël, dont la vie sera beaucoup plus courte, est déjà un artiste confirmé. Fils de peintre, il est admis comme Maître à l’âge de dix-sept ans. Hasard de l’histoire, sa première commande comme tel est un retable consacré à saint Nicolas de Tolentino, Patron des Ermites de Saint-Augustin, considéré comme le législateur de l’Ordre. Un saint homme que ses hagiographes présentent sous la figure classique du moine apostolique : humble, austère, priant de longues heures, jeûnant plusieurs fois par semaine, respectant la règle à la lettre, prêchant et catéchisant sans se lasser, sa vie durant. On peut supposer que le maître des novices ait proposé son modèle à Martin Luther lors de sa formation, Raphaël en tout cas connaît sa biographie.
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