« Nous ne pouvons pas vraiment nous connaître si nous n’avons pas appris auparavant la nature de tous les êtres vivants », écrivait saint Ambroise au IVe siècle. Trois siècles plus tôt, saint Paul avait tracé une ligne allant de la création au Créateur : « Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité. » (Rm 1, 20).
Le rapprochement de ces deux affirmations fait penser que la création est à la fois le moyen de la connaissance de nous-mêmes et le moyen de la connaissance de Dieu. Cet article vise à montrer comment la dégradation de l’environnement, en particulier l’extinction des espèces, conduit à un appauvrissement de l’imagination théologique et morale.
Dans les années 80, le parc national de la Liwonde, au Malawi, regorgeait de toutes sortes de flore et de faune. Les enfants devaient souvent faire face à des éléphants, des babouins et des phacochères, qui sortaient du parc pour piller les récoltes. Ils connaissaient non seulement les noms et les caractéristiques des divers oiseaux, plantes et animaux, mais ils avaient aussi appris des anciens à tirer la sagesse humaine de ces créatures de Dieu. Les récits qu’ils écoutaient provenaient d’un folklore débordant de figures animales utilisées pour symboliser des comportements louables ou répréhensibles.
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