Il y a un siècle, en mars 1922, le Mahatma Gandhi a été arrêté pour subversion en raison de trois articles publiés dans son hebdomadaire Young India. Dans le premier, il écrit : « L’Empire britannique, construit sur l’exploitation systématique des races physiquement plus faibles de la terre et sur le déploiement de la force brute, ne peut durer s’il existe un Dieu juste qui gouverne l’univers ». Dans le troisième article, il proclamait ouvertement : « Nous voulons renverser le gouvernement, le forcer à se soumettre à la volonté du peuple ».
Gandhi fut jugé le 18 mars. Devant le juge, il se présenta comme « paysan et tisserand », coupable d’avoir incité à la « non-coopération » avec le gouvernement britannique et d’avoir fomenté la désaffection, car « le gouvernement de l’Inde britannique, fondé sur la loi, travailler pour parvenir à exploiter les masses. […] Je n’ai aucun doute que, s’il y a un Dieu là-haut, l’Angleterre devra répondre de ce crime contre l’humanité. […] Je m’efforce de montrer à mes compatriotes que la non-coopération violente ne fait qu’accroître le mal et que, de même que le mal ne peut être entretenu que par la violence, le refus d’entretenir le mal exige une abstention totale de la violence ». Il a donc demandé au juge la peine maximale pour ce crime, ou – s’il était d’accord avec lui – de démissionner de son poste.
Il n’a pas été difficile pour le magistrat de prouver que les événements sanglants des mois précédents à Chauri Chaura et à Bombay mettaient en cause la responsabilité de l’accusé. Il l’a donc condamné à six ans d’emprisonnement. Il ajouta cependant qu’il voyait en Gandhi « un homme avec des idéaux élevés et une vie noble, se déclarant désolé qu’un tel homme ait rendu impossible au gouvernement de le laisser libre ». Ce fut le dernier procès de Gandhi. Après 1922, il fut arrêté à de nombreuses reprises, mais il n’y eut plus de procès. Ce fut « le grand procès ».
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