JOSEPH RATZINGER, LECTEUR DE TEILHARD DE CHARDIN
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Le nom de Teilhard apparaît six fois dans La foi chrétienne hier et aujourd’hui, cet ouvrage de 1968 qui est déjà devenu un classique. Le nom du jésuite paléontologue est, en effet, l’un des plus fréquemment cités dans ce livre qui continue de passionner par sa fraîcheur et sa nouveauté au sein de la tradition chrétienne. Qu’on l’aime ou non, Ratzinger admire Teilhard. Et, dès ses premières œuvres, il considère le jésuite comme un auteur fondamental pour l’aggiornamento chrétien dans le monde moderne. Selon les mots du théologien qui est devenu pape, nous pouvons reconnaître que la « synthèse » proposée par Teilhard reste « fidèle à la christologie paulinienne, dont l’orientation profonde est bien perçue et rendue à une nouvelle intelligibilité.

C’est à travers les écrits de Ratzinger que nous pouvons voir comment la réception de la vision teilhardienne était également présente dans Vatican II, même si c’est de manière quelque peu marginale. C’est lui qui a supposé, en tant que protagoniste du Concile, qu’il y avait une certaine influence du travail de Teilhard dans la rédaction de la célèbre Constitution pastorale Gaudium et spes, notamment en ce qui concerna « la devise teilhardienne » selon laquelle « christianisme veut dire plus de progrès »

En inaugurant Vatican II, Jean XXIII a bien résumé la visée pastorale du Concile : revenir aux sources et adapter l’action de l’Église au monde moderne. Au fond, il s’agissait de « mettre le monde moderne en contact avec les énergies vivifiantes et pérennes de l’Évangile ». En qualité de Souverain Pontife, Benoît XVI cite cette phrase de son prédécesseur, saint Jean XXIII, en révélant son interprétation du Concile comme un dialogue constructif entre l’Église, l’Histoire et le « monde de la culture », en général.

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L’ÉGLISE CONTRE LA GUERRE « INJUSTIFIABLE »
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Avec la soi-disant « opération militaire spéciale », comme Poutine appelle le conflit sanglant qu’il a provoqué en Ukraine (qui a fait jusqu’ici plus de 200 000 morts et blessés de chaque côté et environ 18 000 victimes civiles), le spectre terrifiant de la guerre, que nous pensions avoir extirpé à jamais de notre continent, est soudainement revenu au cœur de la vieille Europe ; en réalité, il n’avait jamais complètement disparu : il suffit de penser aux conflits de l’ex-Yougoslavie à la fin du XXe siècle, notamment au Kosovo. Cet événement a présenté une nouvelle fois, dans la sphère catholique et pas seulement, un thème classique de la dite « morale sociale », celui de la légitimité ou non de la guerre, c’est-à-dire le sens de la guerre pour résoudre les conflits entre États. Cette question, abstraite en apparence, est liée à d’autres problèmes très délicats, comme ceux du réarmement et de l’utilisation des armes atomiques (même les moins destructrices), que nous revivons malheureusement tragiquement, comme dans un passé récent.

Le pape François, dont le dixième anniversaire de pontificat tombe cette année, dans un livre publié fin 2022 sous le titre Au nom de Dieu, je vous le demande, aborde la question de la guerre, comme il l’a également fait dans divers discours, d’une manière directe, renvoyant aussi au magistère de ses prédécesseurs en la matière. Les Papes, dans le siècle qui vient de s’achever – écrit François – n’ont ménagé aucun mot pour condamner la guerre, la définissant de temps à autre comme « un fléau » (Pie XII), ou comme « un massacre inutile » avec lequel tout peut être perdu, et qui est en définitive « toujours une défaite de l’humanité » (Benoît XV). C’est une barbarie, qui ne résout « jamais » les problèmes et les conflits entre États (Paul VI). Aujourd’hui, écrit le Pape, « alors que je demande au nom de Dieu que l’on mette fin à la folie cruelle de la guerre, je considère aussi sa persistance parmi nous comme le véritable échec de la politique ».

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