La parabole du bon Samaritain (cf. Lc 10,25-37) peut être définie comme l’histoire de l’homme ordinaire qui parle à l’homme ordinaire. Ce n’est pas un hasard que l’encyclique du pape François Fratelli tutti l’introduit dans le thème de la fraternité universelle, la considérant à la portée de tous. Elle constitue donc le centre de la réflexion du Pape sur ce thème (qui occupe non moins de 20 numéros de l’encyclique), et aussi son point de référence idéal : « Car, bien que cette lettre s’adresse à toutes les personnes de bonne volonté, quelles que soient leurs convictions religieuses, la parabole se présente de telle manière que chacun d’entre nous peut se laisser interpeller par elle ».
On est frappé tout d’abord par le caractère concret avec lequel la question de la fraternité est posée dans le texte de Luc. Cela peut se comprendre à partir de la réponse de Jésus à la question du docteur de la loi (« Qui est mon prochain ? ») : une réponse qui n’a rien de théorique. Jésus ne fait pas de proclamations idylliques, mais présente une scène de violence crue dans laquelle chacun peut se reconnaître ; en même temps, cette même situation de souffrance et de besoin se révèle de manière inattendue comme un lieu où l’on peut rencontrer le prochain, littéralement « celui qui est proche de moi », au-delà de toute différence de langue, de classe et de foi religieuse.
Face à la situation concrète, la question s’inverse, interpellant personnellement l’auditeur dans sa situation de précarité éventuelle : « Quand tu es en difficulté, qui a été proche de vous ? » Il s’agit d’une réponse existentielle, née du besoin désespéré de trouver de l’aide. Et quand on repense à ces situations, on découvre parfois avec étonnement que souvent le sauveteur n’est pas le plus proche physiquement, le parent, la connaissance, mais un parfait inconnu, quelqu’un de lointain, un simple passant. C’est précisément le scénario décrit dans la parabole : une parabole, pourrait-on dire, réaliste.
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