Le monde contemporain s’interroge sur l’attitude à tenir vis-à-vis de l’Église : pour les uns, elle appartient au passé et ne peut que gêner les développements à venir de la civilisation ; pour d’autres au contraire l’influence qu’elle exerce dans la société fortifie et guide les forces morales qui assurent l’orientation du progrès ; pour d autres enfin elle détient la clé de la justice et de la paix dans un monde en voie de globalisation.
Cette mise en question concerne en fait toutes les forces religieuses et toutes les traditions culturelles car chacune se trouve avoir tissé des liens plus étroits avec les conceptions particulières qui sont à l’origine de la civilisation à l’intérieur de laquelle elles se sont développées. N’est-ce pas d’ailleurs pour surmonter les différences et oppositions qui en résultent qu’ont été créées les Institutions internationales ? Le but qui est leur est assigné n’est-il pas justement de permettre à des peuples venant d’horizons divers et se réclamant de croyances ou systèmes philosophiques opposés de construire progressivement les bases de leur unité en leur faisant découvrir ce qui les rapproche, bien qu’ils soient présentement séparés du fait des contenus différents qu’ils donnent aux valeurs de justice, de paix et de liberté auxquelles lis se sentent liés ?
L’éthique de la société universelle à venir ne demande-t-elle pas que soit donné un sens commun à ces valeurs qui ne peut être celui d’une civilisations ou religions en présence ? La conciliation à opérer entre la fidélité légitime aux traditions et l’universalisation des valeurs est un défi lancé aujourd’hui à toutes les sociétés ; celui-ci est particulièrement aigu pour l’Église qui se dit universelle tout en apparaissant liée à la culture occidentale.