Après que l’Oxford Dictionary l’a élevée au rang de mot de l’année en 2016, la notion de post-vérité a attiré l’attention du public. Ce dictionnaire qui fait autorité a associé le terme à des événements tels que le Brexit et la montée de la nouvelle droite populiste dans divers pays occidentaux. Nous pouvons dire que le terme « post-vérité » fait référence à une attitude qui cesse de donner la priorité aux faits objectifs dans le processus de formation de l’opinion publique, au profit d’idéologies tribales.
Cependant, si la montée du populisme, souvent alimentée par des théories du complot, nous donne le sentiment d’entrer dans une nouvelle ère, celle de la post-vérité, il faut reconnaître qu’il ne s’agit pas d’un phénomène totalement nouveau. Les totalitarismes du passé n’informaient les citoyens de leurs nations que des faits qui confirmaient leurs idéologies. Ils sont souvent allés jusqu’à modifier des faits objectifs pour valider l’idéologie institutionnalisée. La vérité devait s’adapter non pas à une réalité objective indépendante des constructions humaines, mais à l’idéologie du groupe qui avait pris le pouvoir. C’est pourquoi la post-vérité nous fait facilement penser au nazisme des années 1930, ainsi qu’au révisionnisme historique du régime soviétique et de ses alliés.
Dans ce contexte, il vaut la peine de reprendre la thèse proposée par l’historien et essayiste américain Timothy Snyder. Selon lui, « la post-vérité est le préfascisme ». Snyder nous ouvre ainsi une perspective paradoxale : la violence du fascisme, typique de la pratique de l’extrême droite, semble s’être développée à partir du relativisme promu par les idéologies d’extrême gauche.
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Beaucoup connaissent l’histoire de Joseph et de ses frères, mais peu savent qui est Dina, la fille unique de Jacob, dont livre de la Genèse consacre un chapitre entier à raconter l’histoire dramatique. Les parcours de Dina et Joseph, nés du même père, mais de mères différentes, se déroulent en parallèle et, dans les deux cas, impliquent Jacob et les autres frères dans le bien et surtout dans le mal. Ce sont des histoires empreintes d’amour déséquilibré, de violence et de représailles qui, en partie, se ressemblent, mais diffèrent néanmoins sur un aspect qui s’avérera décisif.
Dina est la dernière fille que Jacob a eue avec Léa. Le texte biblique mentionne sa naissance, après ses autres frères, sans ajouter de détails : « Et ensuite [Léa] enfanta une fille et l’appela Dina » (Gn 30,21). Le chapitre 34 du livre de la Genèse parle plus longuement d’elle dans le contexte des relations difficiles entre Jacob, à peine rentré en Canaan après de nombreuses années d’absence, et les habitants de la ville de Sichem où Israël avait campé, c’est-à-dire dans un contexte de tensions entre nomades et citadins. Au centre de l’histoire se trouve Dina, qui sort voir les filles de la ville et est enlevée par Sichem, fils du seigneur de cette ville : « Mais Sichem, fils de Hamor le Hivvite, prince de ce pays, la vit ; il la prit, coucha avec elle et la viola. Son âme s’attacha à Dina, fille de Jacob ; il aima la jeune fille et parla à son cœur. Puis il dit à Camor, son père : “Prends-moi pour femme cette jeune fille” » (Gn 34,2-4).
C’est l’histoire crue d’un viol contre une jeune fille à travers une succession rythmée de verbes qui montrent en séquence l’action brutale : le regard de Sichem se pose sur la jeune fille, il la prend, couche avec elle et la rend lui fait violence.
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