« L’eau n’a pas d’ennemis » dit un proverbe qui circule dans le sud du Nigeria. Dans ces régions, l’eau, en plus d’être omniprésente dans les dictons populaires, a inspiré les noms de beaucoup de personnes : par exemple, Ameze, dont le nom complet est Ameze i si ofo, signifie « l’eau douce ne fait pas transpirer » ; Amenaghawon, qui est en réalité Amenaghawon i le s’omwan, littéralement « l’eau à laquelle vous avez droit ne vous manquera jamais » ou « le destin d’une personne est unique » ; Eze i mwen eghian, qui se traduit littéralement par « la rivière n’a pas d’ennemis » ; Amenovbiye, qui transforme métaphoriquement l’eau en frère, à la manière de saint François : « sœur eau », « frère eau ».
Le plus étonnant est que ces appellations récurrentes sont renforcées par une spiritualité répandue qui vénère l’eau comme une divinité. Elle est incarnée par Olokun, la déesse de l’eau, de l’abondance, de la fertilité et de la prospérité, qui, dans son essence aqueuse, régit la biologie et l’économie de la vie.
Ce sont des idées simples mais fondamentales qui imposent à leur tour une responsabilité morale à la communauté mondiale : préserver et conserver les ressources hydriques, les soutenir et les entretenir, les protéger et en prendre soin avec respect, et cela s’applique aux puits et aux sources, aux fontaines et aux ruisseaux, aux rivières et aux lacs, dont nous dépendons tous pour notre subsistance et notre survie. Le pape François confirme cette conviction dans l’encyclique Laudato si’ (LS) : « [L’eau] est indispensable pour la vie humaine comme pour soutenir les écosystèmes terrestres et aquatiques. Les sources d’eau douce approvisionnent des secteurs sanitaires, agricoles et de la pêche ainsi qu’industriels » (LS 28).
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