En visitant à Rome les « chambres » et « chapelles » de Saint-Louis-de-Gonzague, nous pouvons en quelque sorte mesurer la distance — environ quatre siècles et demi — entre son époque et la nôtre, mais aussi sa contemporanéité, parce que certaines choses qui lui ont appartenu — le crucifix, les objets d’usage quotidien, les lettres écrites d’une belle graphie sur papier vergé — semblent indiquer au visiteur (comme si la statue qui le représente en pied, placée dans le grand salon, devait s’animer et poursuivre l’un de ses discours préférés) la primauté de Dieu sur toute chose et, par conséquent, le peu d’importance que nous devons accorder à tout le reste, tout en étant, de fait, si éloignés de telles pensées et de telles attitudes.
Jusqu’à il y a quelques années en arrière, il n’était pas utile d’insister sur l’importance de la figure de Louis de Gonzague au sein de l’Église, car même les statistiques sur sa popularité le plaçaient au dixième rang des saints les plus connus, après François d’Assise, Antoine de Padoue, Rita de Cascia, padre Pio, le pape Jean, mère Teresa de Calcutta, don Bosco, Jean Paul II, Thérèse de Lisieux. Depuis toujours, peu de gens savent qu’il est italien (son nom sonne comme un nom espagnol pour beaucoup) et qu’il est un religieux appartenant à la compagnie de Jésus.
C’est justement son appartenance à la compagnie de Jésus qui lui confère une particularité qui aide probablement à mieux accueillir le témoignage de sa vie, que nous chercherons à aborder dans son coeur : tout bon jésuite, à commencer par le fondateur de l’ordre lui-même, Ignace de Loyola, tend à s’identifier à sa propre mission — parfois précisée concrètement par le pape lui-même —, en se demandant en permanence : « Comment Jésus se serait-il comporté dans cette situation ? »
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