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RÉFLEXIONS SUR LE FESTIN DE BABETTE Un film de Gabriel Axel
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« Les joies les plus intenses de la vie jaillissent quand on peut donner du bonheur aux autres, dans une anticipation du ciel. Il faut rappeler la joyeuse scène du film Le festin de Babette, où la généreuse cuisinière reçoit une étreinte reconnaissante et un éloge : “Avec toi, comme les anges se régaleront !”. Elle est douce et réconfortante la joie de contribuer à faire plaisir aux autres, de les voir prendre plaisir. Cette satisfaction, effet de l’amour fraternel, n’est pas celle de la vanité de celui qui se regarde lui-même, mais celle de celui qui aime, se complaît dans le bien de l’être aimé, se répand dans l’autre et devient fécond en lui. » Ce sont là les mots du pape François dans l’Exhortation apostolique Amoris laetitia (AL) C’est la première fois qu’il est explicitement fait référence à un film dans un document pontifical. Mais la chose ne nous surprend pas plus que ça, si nous considérons l’intérêt de ce pape pour le cinéma, et en particulier pour le film en question, Le festin de Babette (1987), que le souverain pontife a cité lors de plusieurs interviews comme étant son film préféré, avec La strada (1954) de Fellini.

Pour appuyer son raisonnement, le pape cite la dernière scène du film, à propos de l’amour gratuit de celui qui connaît la joie de « faire plaisir aux autres ». Dans ce cas précis, il s’agit de la « généreuse cuisinière » française, catholique (même si cela n’est pas spécifié dans le récit), vis-à-vis d’une petite congrégation de Danois âgés, fidèles luthériens. Le pape précise qu’il s’agit d’« une anticipation du ciel ».

Cette sorte d’expérience anticipée du Royaume des Cieux est la signification ultime de ce délicat récit cinématographique inspiré d’une nouvelle de la célèbre Danoise Karen Blixen (1885-1962), qui a écrit Sept contes gothiques et Contes d’hiver. Le pape, saisissant le sens du film, semble évoquer également, de manière implicite, le texte littéraire d’origine, dont nous ne pouvons faire abstraction pour comprendre complètement la parabole, qui, à partir d’une dimension entièrement humaine, s’ouvre à une joie céleste.
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