POUR UNE THÉOLOGIE MORALE EN SORTIE
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L’expérience nous enseigne que les « nœuds » sont utiles dans la vie. Les bons nœuds le sont parce qu’ils peuvent être dénoués, sinon ils deviennent un problème. Dans ces pages, nous aborderons quelques questions que nous devons résoudre si nous voulons que la théologie morale collabore avec l’Église afin qu’elle porte du fruit dans la charité pour la vie du monde et se renouvelle, comme nous le demande le pape François, sur les chemins ouverts par le Concile Vatican II.

Ce sont des nœuds que nous avons en partie nous-mêmes resserrés au sein de l’Église, en particulier ceux qui avaient en son sein le plus de responsabilités et d’autorité. Ils sont affectés par des héritages pesants ou des évolutions fondées sur des perspectives mal orientées, que certains considèrent comme définitives et que d’autres demandent à changer. Nous sommes appelés à discuter sereinement des arguments des deux côtés, en invoquant l’assistance de l’Esprit Saint dans l’Église que le Christ bâtit sur Pierre, sans tomber dans des polarisations qui conduisent à des conflits et à des délégitimations, ni dans des idéologies qui exploitent la doctrine de la foi pour faire passer des opinions particulières sans se soucier du peuple de Dieu.

D’autres nœuds découlent de situations humaines expérientielles très altérées, dans une postmodernité technologique qui tend à diluer le sujet personnel et à briser ses contraintes, bouleversant souvent la relation entre les moyens et les fins. Nos temps « liquides » génèrent chez le sujet humain de nombreuses distorsions dans les domaines classiques de la morale sexuelle et de la bioéthique, auxquelles se sont progressivement ajoutés d’autres problèmes.

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LA TERRE DES VIVANTS-Écobiographie au temps de la crise écologique
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Abraham planta un tamaris à Béer-Shéva où il invoqua le Seigneur, le Dieu éternel, par son nom. (Gn 21,33)

 

Où trouverons-nous les ressources de notre engagement en faveur du monde créé ? Comment soutiendrons-nous notre action au bénéfice de la terre et des vivants qui l’habitent ? La mobilisation écologique, on le sait, a surtout mis l’accent sur la dimension de la peur et de la culpabilité ; en d’autres termes, sur des sentiments réactifs. Si la peur joue un rôle indispensable dans l’éveil du sens de l’urgence, peut-elle, à elle seule, nourrir un « parti pris »  écologique de longue durée ? À la peur et à la culpabilité ne faut-il pas associer des sentiments proactifs, soutenant positivement un engagement personnel pour la « maison commune » ?

L’alerte à propos du climat et du futur des espèces s’accompagne par ailleurs de la diffusion de données scientifiques, continuellement mises à jour. Elles traduisent le rôle incontournable de la science dans l’alerte donnée (en réponse aux scepticismes de tous genres). Si de telles données jouent un rôle essentiel dans la mobilisation en cours, sont-elles à même de soutenir un engagement de fond au bénéfice de la planète verte et bleue ? « Le discours de la raison ne fonctionne pas », constate l’océanographe François Sarano, pourtant voué, par métier, à la démonstration scientifique. Dans leur abstraction, les chiffres ne parlent pas : « 200 000 tonnes de plastique déversées chaque année dans la Méditerranée, qu’est-ce que ça veut dire ? ». Ce qui aujourd’hui d’abord importe, poursuit l’océanographe, est d’un autre ordre : « il faut amener chacun à reprendre contact avec le vivant ».

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