Les expériences dramatiques de Jacob et d’Ésaü sont traversées de manipulations et de tromperies, d’intentions de violence et de séparations forcées, de conflits exacerbés et de rapprochements inattendus. Il semble donc légitime de se demander : où est Dieu dans tout cela ? Comment le reconnaître dans les histoires humaines souvent discutables et peu linéaires ? Pourtant, c’est précisément sur la scène de la vie que la Bible présente le drame des relations familiales et la possibilité inattendue de retrouver le visage de Dieu dans le visage du frère (cf. Gn 33,10).
Le patriarche Isaac et sa femme Rebecca ne peuvent pas avoir d’enfants. Après une longue attente et beaucoup de prières, le Seigneur leur accorde une progéniture, plus précisément la première paire de jumeaux dans l’histoire biblique est conçue. Pour Rebecca la grossesse n’est pas facile. En fait, les jumeaux se heurtent et se battent depuis le ventre de leur mère (cf. Gn 25,22). En raison de la grossesse agitée, Rebecca consulte le Seigneur, dont l’oracle présente un texte ambigu et difficile à interpréter sur l’avenir des jumeaux, qui peut se traduire à la fois par « l’aîné servira le cadet » et par « le cadet servira l’aîné » (Gn 25,23). Cette ambiguïté restera importante pour les événements à venir, car la relation fraternelle sera basée non pas sur la solidarité, mais sur la compétition et le désir de vengeance, des aspects fomentés par les préférences des parents.
À la naissance, un portrait des jumeaux est présenté qui anticipe les développements futurs de l’histoire et forme les premières impressions du lecteur sur Ésaü et Jacob : « Le premier sortit, rougeâtre, tout comme un pelage, et on l’appela Ésaü » (Gn 25,25).
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