Job, submergé par la souffrance et le découragement, se demande au milieu de son combat intérieur s’il est logique, dans une condition comme celle dans laquelle il se trouve, de continuer à vivre. Il traverse une désintégration personnelle, au point qu’une déchirure primordiale de plus en plus forte grandit en lui : « Que périsse le jour où je suis né » (Jb 3,3), affirme-t-il durement. Et il se demande avec une amertume évidente : « Pourquoi ne suis-je pas mort dès le sein de ma mère et ne suis-je pas mort dès que je suis sorti du ventre ? » (3,11).
Job met en question le fait même de son existence ; il lance à Dieu une question finalement rhétorique, récurrente chez ceux qui souffrent. Bien plus, au cours des 42 chapitres du livre, il se met en colère contre Dieu, se dispute avec lui, l’attaque. Toutefois, il se tait aussi, écoute, se laisse toucher par sa parole, se laisse corriger par le Seigneur. Bref, il suit un cheminement personnel qui le conduit au point de transformer la relation de confiance avec Dieu qu’il avait perdue. Or, dans ce parcours, il n’échappe pas aux difficultés que l’on rencontre lorsqu’on avance dans le brouillard du deuil.
Nous retrouvons donc dans ce livre l’expérience d’un homme qui nous atteste que la souffrance n’est pas fatalement condamnée à se transformer en un pont miné qui, s’effondrant, rend impossible le chemin vers Dieu.
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