Lors de la dernière coupe du monde de football au Qatar (2022), un joueur de l’équipe nationale marocaine, Sofiane Boufal, après la qualification de son pays pour la demi-finale (une première pour un pays africain), en battant l’Espagne, a été invectivé par les Africains car il avait dédié la victoire de son pays aux arabes, aux musulmans et aux Marocains sans citer l’Afrique ou les Africains. Même si quelques heures après, il a présenté ses excuses face aux nombreuses critiques, cette controverse met en lumière le problème d’identité entre les maghrébins et les subsahariens. A cela s’ajoute, dans le développement que nous faisons dans cet article, le problème de racisme et xénophobie contre les Africains subsahariens, et aussi celui des conflits entre certains pays du Maghreb.
L’identité en question
Les Maghrébins sont souvent divisés concernant leur identité. Nombreux parmi eux, culturellement, se considèrent davantage comme des Arabes que comme des Africains. Mais, ces pays ne sont nullement aussi monoculturels comme on le pense car il y a dans sa population des Berbères ou Amazighs (40% de la population), des Arabes, des Juifs, des Noirs, des Morisques.
En Afrique du Nord, la question spécifique des Subsahariens, notamment des Noirs, a été souvent occultée dans la société. Natif ou non, le Noir au Maghreb souffre, selon la réalité quotidienne, d’une déconsidération doublée de discrimination. Il est régulièrement perçu comme appartenant à un groupe exogène, repérable par des caractéristiques ethniques et socioculturelles présumées distinctes. Il est étiqueté, catalogué avec des stéréotypes[1]. Il est évident que la problématique identitaire accompagne chaque nation et chaque continent. L’histoire nous l’a démontré.
En ce qui concerne l’Afrique, il y a lieu de différencier les conflits identitaires nationaux de ceux régionaux ou ceux de zones continentales. Il sied de mentionner rapidement les conflits identitaires nationaux religieux, qui ne sont pas l’objet de notre réflexion qui examine les conflits identitaires entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. Le XXe siècle en Afrique rappelle ainsi les douloureux et macabres conflits identitaires qui ont caractérisé et endeuillé plusieurs pays[2]. Ils sont notamment marqués par l’exclusion et la discrimination qui conduisent à des conflits avec victimes humaines. On se rappellera dans ce sens, la guerre du Libéria qui opposa les groupes ethniques Krahn et Mandingue aux Gio et Mano. Dans une grande partie de l’Afrique occidentale (Sud de l’Algérie, le Nord du Mali, du Niger et du Burkina-Faso, la Mauritanie et le Sahara occidental), Touarègues et Maures se sont révoltés contre les pouvoirs centraux pour défendre leur identité. Au Soudan, le conflit du Darfour a lui aussi des relents identitaires : les autorités gouvernementales ont été accusées d’avoir armé des milices arabes appelées djanjawids pour combattre la rébellion des ethnies Fur, Massalit et Zaghawa qu’elles n’arrivaient pas à mater. D’où un nettoyage ethnique par ces milices djanjawids. L’extraversion et l’ethnicisation de la scène politique ont aussi provoqué des conflits identitaires et conduit à l’extrémisme au Burundi et au Rwanda. Dans ce dernier pays, le conflit identitaire combiné à la politique ont conduit au génocide en 1994.
Il se pose ainsi un problème réel, que ce soit au niveau national ou international, celui du vivre ensemble avec les différences culturelles de chaque groupe alors que la mondialisation semble y inviter[3]. Il est vrai que les différences identitaires créent des antagonismes entre les hommes, avec le renforcement, dans bien des cas, du sentiment national accompagné d’une radicalisation des facteurs de différenciation[4]. Mais la mondialisation devrait plutôt lever les barrières dressées par différents groupes qui s’enferment sur eux-mêmes en essayant de « nier » l’existence des autres.
Et une identité basée sur la race ou sur la couleur de la peau devient encore plus aberrante de nos jours quand des mélanges créés par les déplacements, des mariages entre personnes de races ou cultures différentes transforment ou bouleversent les réalités sociologiques, ethnographiques et identitaires. Dans cet ordre d’idées, il semble vrai que l’ouverture des cultures à la conscience réfléchie des individus devrait permettre de parer au danger du fanatisme comme de l’isolement.
On devrait laisser la place à l’identité qui résulte de la rencontre des cultures différentes s’appréhendant dans l’ouverture, le mélange[5]. La situation du Maghreb (Afrique du Nord), mais aussi dans d’autres parties d’Afrique devrait être plutôt orientée vers une solution d’un vivre ensemble qui exclue les appartenances selon la couleur de la peau, l’origine tribale ou tout autre appartenance. Malheureusement ce sont ces facteurs de division qui dominent et dictent les comportements des individus dans la société. Parmi les maux les plus courants, se trouvent le racisme et le nationalisme.
Le racisme ordinaire règne en maître dans la plupart des cas
Ces dernières années, le racisme prend de l’ampleur en Afrique du Nord (Maghreb). Cette difficile recrudescence rend complexe la conciliation entre africanité et arabité. Les racines de cette situation sont-elles à chercher dans l’imaginaire conceptuel ou langagier (linguistique) maghrébin opposant le « blanc » et le « noir » ? La langue arabe dans son usage courant désigne en effet la personne de couleur blanche comme un être libre, tandis que la personne noire (« oussif ») comme un « esclave »[6]. Dans les faits, le discours du président tunisien Kaïs Saïed le 21 février 2023, lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale[7], a mis le feu aux poudres, dans une partie de l’Afrique où les Subsahariens se plaignent déjà du racisme dans plus plusieurs pays de l’Afrique du Nord.
Dans son discours, le président tunisien a accusé les Subsahariens de faire partie du complot ayant pour objectif de modifier la composition démographique du paysage nord-africain, dont la culture est principalement arabo-musulmane[8], les accusant en même temps d’être à la base de la violence, de la criminalité et des pratiques inacceptables[9]. Ces propos qualifiés de « haineux et discriminatoires » par Amnesty International, ont provoqué une vague d’attaques contre les migrants Africains noirs[10].
Ainsi, on a vu les Africains subsahariens être attaqués par des bâtons et des couteaux. Condamnant cette situation, l’ONG Human Right Watch a estimé qu’après avoir attisé lui-même la violence contre les immigrés, le président Saïed n’avait proposé que de maigres mesures pour tenter d’y mettre fin. Pour Human Right Watch, les autorités tunisiennes devraient immédiatement cesser d’arrêter des étrangers noirs africains, étudier les dossiers au cas par cas pour garantir une procédure régulière à toutes les personnes arrêtées, libérer les personnes détenues arbitrairement, enquêter rapidement et demander des comptes aux responsables d’attaques et d’abus racistes[11].
Face à cette situation que vivent les Africains subsahariens en Tunisie, certains pays ont été obligés d’évacuer leurs citoyens. Tels sont les cas de la Côte d’Ivoire et la Guinée qui ont envoyé des avions pour ramener leurs citoyens aux pays d’origine.
Pour sa part, l’organisation continentale, l’Union africaine, a condamné avec des mots forts, les « déclarations choquantes » du président Saïed, qui vont à l’encontre de la lettre et de l’esprit de l’Union africaine et de ses principes fondateurs. L’Union africaine a appelé aux États membres d’honorer les obligations qui leur incombent en vertu du Droit International et des instruments pertinents de l’Union Africaine, à savoir « traiter tous les migrants avec dignité, d’où qu’ils viennent, s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste, susceptible de nuire aux personnes, et accorder la priorité à leur sécurité et à leurs droits fondamentaux »[12].
Etonnant que la Tunisie soit aujourd’hui un pays où les immigrés soient maltraités. En effet, les autorités de ce pays se disaient, au nom de tout le continent africain le 26 septembre 2017, au siège du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, HCDH, lors du Conseil débat du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, être préoccupées par les manifestations résurgentes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée que l’on observe à divers endroits du monde[13].
Si le discours du 21 février 2023 du président a déclenché une série de violences racistes, ce phénomène de racisme et de xénophobie n’est pas nouveau. Lors d’un sondage qui avait été réalisé entre fin 2021 et le printemps 2022, par le Réseau de recherche du baromètre de l’opinion arabe pour BBC News Arabic, il ressortait que la discrimination et le racisme étaient un réel problème dans plusieurs pays arabes, notamment en Afrique du Nord. Dans ce sondage, il avait été révélé qu’en Tunisie, 80 % (le pourcentage le plus élevé de la région) des citoyens pensaient que la discrimination raciale était un problème.
Les événements récents de Tunisie rappellent ce qui s’est passé il y a quelques années en Libye où les médias avaient rendu public un phénomène que l’on pensait révolu : la vente d’êtres humains. Des migrants venus de l’Afrique subsaharienne transitant par la Libye pour gagner l’Europe étaient vendus aux enchères, deux fois par mois, pour une somme allant de 500 à 700 dinars libyens (environ 435 euros).
Ces migrants venaient, pour la plupart, du Nigeria, du Sénégal et de la Gambie. Ils sont lors de leur marche vers le nord de la Libye à la merci de groupes armés et de réseaux de passeurs qui les utilisent notamment comme travailleurs journaliers dans les secteurs de la construction et de l’agriculture ou de l’exploitation sexuelle. L’Onu, à travers le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, avait qualifié d’« esclavage des temps modernes » cette situation, ajoutant qu’elle constituait un « outrage à la conscience de l’humanité »[14].
La Tunisie n’est pas l’unique pays qui s’en prend au immigrés subsahariens. Il en va de même en Algérie et au Maroc. En Algérie les médias s’en prennent régulièrement aux immigrés. Et le plus dangereux c’est le monde des médias. Il y a quelques années en effet, les journaux algériens attaquaient systématiquement des immigrés[15]. C’est ainsi, par exemple qu’en 2014, le quotidien Echorouk mettait, dans sa « une », les fléaux et les maladies que les ressortissants de pays subsahariens étaient supposés transmettre en Algérie. Et un autre journal, Algérie News, s’en prenait aux ressortissants nigériens, accusés d’envahir l’Algérie. Auparavant, c’est le quotidien Jazaïr News qui avait tenu dans ses colonnes les propos similaires.
L’émergence des réseaux sociaux a augmenté aussi des propos racistes en Algérie. Ce n’est pas sans raison qu’en 2020, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, après avoir constaté une recrudescence du discours de la haine et de l’incitation à la fitna (discorde), notamment à travers les réseaux sociaux, avait instruit son Premier ministre Abdelaziz Djerad d’élaborer un projet de loi criminalisant toutes formes de racisme, de régionalisme et du discours de la haine[16]. On estime récemment à des milliers de « damnés » qui se trouvent au « Point Zéro », dans le Sahara. Près de 5.000 migrants ont été repoussés depuis début janvier 2023 de l’Algérie vers le Niger en vertu d’un accord conclu en 2014[17].
Au Maroc, la discrimination raciale fait partie du vécu des migrants subsahariens. Ceux-ci vivent souvent dans des campements infrahumains ressemblant à des prisons. L’ONG Human Rights Watch, HRW, avait d’ailleurs, dans son rapport de 2022, mis en évidence les différents dépassements et violations des droits de l’homme commis par le Royaume du Maroc à l’encontre des réfugiés et demandeurs d’asile[18]. Ce pays a une loi de 2003 ayant des dispositions qui érigent en crime toute entrée irrégulière au royaume, sans exception faite aux réfugiés ou aux personnes en quête d’asile.
Les arrestations de migrants et de réfugiés ont d’ailleurs augmenté en 2022. Certains de ces migrants et réfugiés ont été envoyés vers des endroits éloignés dans le désert ou sauvagement tués. Malheureusement, le Royaume du Maroc est un pays où le racisme est enraciné dans l’histoire, selon certains analystes qui soutiennent que la société marocaine était malheureusement divisée par la couleur et la race.
En sus, même des musulmans asservissaient d’autres musulmans[19]. En 2019, la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, E. Tendayi Achiume, dans un rapport adressé au Conseil des droits de l’homme, avait soutenu que le Maroc devait mettre en œuvre un plan global pour s’acquitter de ses obligations d’éliminer la discrimination et de parvenir à l’égalité raciale[20].
Le relent nationaliste au centre du conflit entre l’Algérie et le Maroc
L’Afrique du nord n’est pas seulement caractérisée ces derniers temps par le problème de l’africanité et du racisme mais elle est aussi déchirée par des conflits aux relents nationalistes. Outre le conflit interne en Libye, il y a la tension entre l’Algérie et le Maroc. Et un des points communs entre ces deux pays est qu’ils ont subi la domination française : cent trente ans de colonisation pour l’Algérie et cinquante ans de protectorat pour le Maroc. Ce sont donc, en quelque sorte deux faux frères qui se regardent comme des chiens de faïence, dans une concurrence de puissance et d’influence, marquée par des désaccords. Ils ne se supportent pas mutuellement depuis plusieurs années.
Après plusieurs mois de brouille, la rivalité entre l’Algérie et le Maroc a connu une escalade qui a abouti, le 21 août 2021, à la rupture des relations diplomatiques. Cette rupture est partie d’une note diffusée lors d’une réunion des non-alignés tenue à New-York, par l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations-Unies. Cette note affirmait que « le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ». Or, parler de l’autodétermination du peuple kabyle[21], c’est une provocation et une tentative de séparer l’Algérie.
L’Algérie voit donc dans l’attitude du Maroc un soutien à la sédition à l’intérieur d’un Etat souverain et une atteinte à son unité nationale[22]. En même temps, l’agir du gouvernement du Maroc est pour l’Algérie une diversion pour détourner la communauté internationale du problème de l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental. Mais pour le Maroc, la marocanité du Sahara Occidental (qui fait partie intégrante, selon le gouvernement marocain, de l’identité du pays), est une question existentielle et non une question de légitimité. Les deux pays se provoquent donc mutuellement à travers le problème d’autodétermination de la Kabylie en Algérie et du Sahara Occidental au Maroc.
Non seulement il y a eu rupture des relations diplomatiques, l’Algérie a en outre annoncé, le 22 septembre 2021, la fermeture de son espace aérien à tous les avions civils et militaires marocains et à tous ceux immatriculés au Maroc. Selon Pierre Vermeren[23], les causes immédiates de la montée de tensions entre l’Algérie et le Maroc seraient à chercher dans la signature, en 2020, des accords d’Abraham. Ces accords multilatéraux signés par le Maroc, les États-Unis, Israël et les monarchies du Golfe sont une façon explicite de reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara.
Et le gouvernement algérien a sans doute mal vécu ces accords. C’est comme une déclaration de guerre car son « frère-ennemi », le Maroc, a marqué beaucoup de points sur le plan diplomatique. En outre, l’affaire Pegasus dans laquelle il a été révélé qu’un très grand nombre de numéros de téléphones algériens auraient été espionnés par le Maroc, en utilisant un logiciel israélien aurait mis en colère les autorités algériennes[24].
On ne voit pas d’ici là un apaisement de longue durée entre les deux pays dont les intérêts divergent. Le soutien des États-Unis au Maroc pour la question du Sahara Occidental et la position délicate de la France pour départager ses anciennes « colonies » n’aident pas à trouver une solution entre l’Algérie et le Maroc. En effet, la France a déjà maille avec l’Algérie sur différents points. D’abord sur des questions d’immigration. Le gouvernement français avait annoncé le 28 septembre 2021la volonté de réduire de 50 % les visas accordés aux Algériens en raison du faible taux de réadmission des ressortissants algériens en situation irrégulière. En sus, le dossier le plus sensible aujourd’hui pour la France concerne le rôle de l’Algérie au Mali. Au moment où la France s’est retirée du Mali, l’Algérie cherche à jouer un rôle primordial dans ce pays[25]. Elle fait pression aux dirigeants maliens, avec la France et les États-Unis, afin que ceux-ci se conforment à l’exigence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, sur la question d’un retour rapide des civils au pouvoir[26].
En dehors du cadre bilatéral Algérie-Maroc, le conflit entre les deux pays contamine aussi les relations diplomatiques dans le Maghreb. En août 2022, le Maroc avait par exemple rappelé pour consultation son ambassadeur en Tunisie après que le président algérien Kaïs Saïed ait reçu le chef du Polisario, Brahim Ghali, à l’occasion d’un sommet économique Japon-Afrique. Le Maroc a vu dans ce geste que la Tunisie faisait partie du camp pro-algérien[27].
Le conflit entre l’Algérie et le Maroc a notamment un impact dans le secteur économique de l’Europe car Gazoduc Maghreb Europe (GME), reliant l’Algérie et l’Espagne passe par le Maroc. Et l’Algérie met aussi à profit son statut d’exportateur gazier vers l’Europe pour marquer des points dans son duel diplomatique à distance avec le Maroc. Ce qui peut faire penser que l’Union européenne aura intérêt à chercher une solution, ne fût-ce que partielle, entre l’Algérie et le Maroc. Mais une médiation serait-elle possible vu le niveau d’antagonisme entre les deux pays ? Répondre à cette question serait déjà trouver une solution. Ce qui n’est pas évident.
Conclusion
Il est évident que les crises d’identité, du racisme, de la xénophobie et les conflits caractérisent toujours la société humaine. Cependant, on peut les éviter, les atténuer, si nous ne voulons pas vivre enfermés dans le tribalisme ou la « tribalisation », la régionalisation, le nationalisme où chaque groupe va s’isoler dans un égotisme qui, au lieu de l’anoblir, l’isole, le détruit et le réduit.
Nous sommes donc, dans les cas précis analysés plus haut, dans cette réflexion, face à une responsabilité qui nous convoque au tribunal de la rationalité invitant à la nécessité de trouver des solutions idoines afin de dépasser la mentalité d’exclusion, de conflit, dans un monde devenu de plus en plus interconnecté. Les conflits identitaires, le régionalisme, le nationalisme ont toujours été pluridimensionnels. Ils ont d’autres conséquences et défis qui ne favorisent aucun épanouissement. Au contraire, ils génèrent des différends, des haines, de l’antipathie qui, à la longue, conduisent à des guerres inutiles.
Il sied donc de mettre en œuvre une logique, ou mieux, des mécanismes qui écartent de nos sociétés, de nos pays les causes qui poussent au rejet de l’autre par le racisme, la xénophobie, l’égocentrisme, les conflits. Et si on veut promouvoir la culture de la paix et l’harmonie, il n’y a pas d’autre solution que d’opter pour le dépassement de ce qui peut empêcher la cohabitation pacifique des peuples de différents horizons.
[1] Lire à ce sujet l’article : « Racisme anti-noir : « Comment le Maghreb en est-il venu à rejeter son africanité ? » », in Le Monde, (https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/02/24/racisme-anti-noir-comment-le-maghreb-en-est-il-venu-a-rejeter-son-africanite_5427702_3212.html), 24 février 2019. Consulté le 20 mars 2023.
[2] Cf. A-D. N’DIMINA-MOUGALA, « Les conflits identitaires ou ethnopolitiques africains au XXe siècle : caractéristiques et manifestations », in Guerres mondiales et conflits contemporains 2012/4 (n° 248), p. 97-119.
[3] Cf. D. NGONO LEKOA, La vision postcoloniale de l’identité africaine, Paris, Les Editions du Net, 2022.
[4] Cf. G. ROSSATANGA-R.F. ENOUNGOUE, L’Afrique existe-elle ? A propos d’un malentendu persistant sur l’identité, Chennevières-sur-Marne, Editions Dianoïa, 2006.
[5] Cf. G. VINSONNEAU, L’identité culturelle, Paris, Armand Colin, 2002.
[6] Lire à ce sujet un article approfondi de C. SADAI, « Racisme anti-Noirs au Maghreb : dévoilement(s) d’un tabou », in Hérodote 2021/1 (N° 180), p. 131-148.
[7] Voir à ce sujet l’article de G. SALE, « La Tunisia di Kaïs Saïed », in Civ. Catt. 2023 II 147-155.
[8] Il faudrait préciser que la « Tunisie compterait 10 à 15 % de Tunisiens noirs, parmi lesquels des descendants d’esclaves. À Djerba, on mentionne encore aujourd’hui « esclave affranchi », « atig », sur leurs extraits de naissance. Pour Stéphanie Pouessel, auteure en 2012 de Noirs au Maghreb, enjeux identitaires, le racisme contre les Tunisiens noirs est encore plus tabou que le racisme contre les personnes noires de l’étranger. » Cf. C. SADAI, « Racisme anti-Noirs au Maghreb : dévoilement(s) d’un tabou », in Hérodote 2021/1 (N° 180), pages 131 à 148.
[9] Cf. A. Versi, « Le président tunisien Kaïs Saïed suscite l’indignation », in New African Magazine de l’Afrique, (https://magazinedelafrique.com/actualite/le-president-tunisien-kais-saied-suscite-lindignation/), 04 mars 2023.
[10] Cf. « Tunisie. Le discours raciste du président déclenche une vague de violence contre les Africain·e·s Noirs », in, Amnesty.org, ( https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2023/03/tunisia-presidents-racist-speech-incites-a-wave-of-violence-against-black-africans/), 10 mars 2023. Le président Kaïs Saïed, peut-on lire dans cet article, a déclaré que « des hordes d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne » avaient déferlé sur la Tunisie et étaient à l’origine « de violences, de crimes et d’actes inacceptables ». Il a ajouté que c’était une situation « anormale » qui s’inscrivait dans le cadre d’un plan criminel conçu dans le but de « métamorphoser la composition démographique de la Tunisie » et de la transformer « seulement en un État africain qui n’appartienne plus au monde arabo-islamique ».
[11] Cf. « Tunisie : La violence raciste cible les migrants et réfugiés noirs », In HRW, (https://www.hrw.org/fr/news/2023/03/10/tunisie-la-violence-raciste-cible-les-migrants-et-refugies-noirs), 10 mars 2023. Selon Cette ONG, « à partir de début février, la police tunisienne a procédé à des arrestations, ciblant apparemment des étrangers noirs africains en fonction de leur apparence ou des quartiers dans lesquels ils vivent. Au moins 850 personnes auraient été arrêtées sans discernement, apparemment au faciès, selon la section tunisienne d’Avocats sans frontières ».
[12] Cf. « Le Président de la Commission de l’Union Africaine condamne fermement les déclarations raciales sur des compatriotes Africains en Tunisie. », in African Union (AU), (https://au.int/fr/pressreleases/20230224/le-president-de-la-commission-de-lunion-africaine-condamne-fermement-les#:~:text=24%20F%C3%A9vrier%202023%20%3A%20Le%20Pr%C3%A9sident,et%20de%20nos%20principes%20fondateurs.), 24 février 2023.
[13] Cf. « Le Conseil débat du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée », in OHCHR, (https://www.ohchr.org/fr/press-releases/2017/09/human-rights-council-holds-general-debate-racism-racial-discrimination), 26 septembre 2017. Consulté le 16 mars 2023.
[14] Cf. « Libye : des migrants vendus aux enchères comme esclaves », in Le Monde, (https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/15/libye-des-migrants-vendus-aux-encheres-comme-esclaves_5215509_3212.html), 15 novembre 2017. Consulté le 16 mars 2023.
[15] Cf. « ALGÉRIE: VAGUE DE RACISME SANS PRÉCÉDENT DANS LES MÉDIAS », in Terre d’asile Tunisie, (https://www.terre-asile-tunisie.org/index.php/39-actualites/actualites-migrations-en-tunisie/202-algerie-vague-de-racisme-sans-precedent-dans-les-medias), 14 Mai 2014. Consulté le 16 mars 2023.
[16] Cf. A. MEDDI, « Algérie : régionalisme, haine, racisme dans le collimateur de l’exécutif », in Le Point, (https://www.lepoint.fr/afrique/algerie-regionalisme-haine-racisme-dans-le-collimateur-du-legislateur-22-01-2020-2359049_3826.php#11), 22 janvier 2020. Consulté le 16 mars 2023.
[17] Cf. P. LAMBRUSCHI, «Tunisia. Migliaia abbandonati nel deserto del Niger. Piano Ue contro i trafficanti», in Avvenire, (https://www.avvenire.it/attualita/pagine/migliaia-soli-nel-deserto-del-niger-tunisia-piano-ue-contro-i-trafficanti), 18 mars 2023. Consulté le 20 mars 2023.
[18] Cf. « Maroc: racisme, violence et insalubrité, l’insoutenable quotidien des migrants subsahariens », in Algérie Presse Service, (https://www.aps.dz/monde/150366-maroc-racisme-violence-et-insalubrite-l-insoutenable-quotidien-des-migrants-subsahariens), 18 Janvier 2023. Consulté le 17 mars 2023.)
[19] Cf. : LE MONDE, « Racisme anti-Noirs au Maroc : « Le Coran ne soutient pas la pratique de l’esclavage mais son abolition » », in Le Monde, (https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/28/racisme-anti-noirs-au-maroc-le-coran-ne-soutient-pas-la-pratique-de-l-esclavage-mais-son-abolition_5494395_3212.html), 28 juillet 2019. Consulté le 17 mars 2023. Dans cet article du journal LE Monde, on met en évidence le travail de Chouki El Hamel, professeur à l’Université d’Arizona, qui a réédité en français son ouvrage Le Maroc noir, une histoire de l’esclavage, de la race et de l’islam, aux éditions La Croisée de Chemins. Ce livre « exhume le passé esclavagiste du Maroc et déconstruit les stéréotypes sur les Noirs pour analyser le racisme qui sévit encore dans le royaume chérifien ».
[20] Cf. « Maroc : une experte de l’ONU appelle à agir pour lutter contre la discrimination raciale », in UN.ORG, (https://news.un.org/fr/story/2019/07/1047031), 8 juillet 2019. Consulté le 20 mars 2023.
[21] Ce peuple avait commencé par des revendications linguistiques, ensuite il a réclamé l’autonomie, avant d’arriver aux projets d’autodétermination, prônant à ce sujet l’organisation d’un référendum en Kabylie incluant comme option son indépendance.
[22] Cf. J-N. FERRIE, « Que se passe-t-il entre le Maroc et l’Algérie? », in Telos, (https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/que-se-passe-t-il-entre-le-maroc-et-lalgerie.html),15 décembre 2022. Consulté le 22 mars 2023.
[23] Professeur d’histoire contemporaine du Maghreb à l’université Paris I, en France.
[24] Cf. C. CABOT, « Avec la rupture des relations entre l’Algérie et le Maroc, le Maghreb durablement “fracturé” », in France24, (https://www.france24.com/fr/afrique/20210925-avec-la-rupture-des-relations-entre-l-alg%C3%A9rie-et-le-maroc-le-maghreb-durablement-fractur%C3%A9), 25 septembre 2023. Consulté le 22 mars 2023.
[25] Cf. Á. ESCALONILLA, « L’Algérie et le Mali renforcent leur coopération militaire pour contenir l’avancée des djihadistes au Sahel », in Atalayar, (https://atalayar.com/fr/content/lalgerie-et-le-mali-renforcent-leur-cooperation-militaire-pour-contenir-lavancee-des), 18 janvier 2023. Consulté le 22 mars 2023.
[26] Cf. Le Monde avec AFP, « Mali : la France, les Etats-Unis et l’Algérie font pression sur la junte militaire pour un retour rapide des civils au pouvoir », in Le Monde, (https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/01/12/mali-la-france-les-etats-unis-et-l-algerie-font-pression-sur-la-junte_6109119_3212.html), 12 janvier 2022.
[27] Cf. Le Monde avec AFP, « Sahara occidental : entre le Maroc et l’Algérie, la guerre diplomatique fait rage », in Le Monde, (https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/09/06/sahara-occidental-entre-le-maroc-et-l-algerie-la-guerre-diplomatique-fait-rage_6140365_3212.html),06 septembre 2022. Consulté le 22 mars 2023.