AFFRONTER LA PLAIE DE LA PORNOGRAPHIE « EN LIGNE »
Last Updated Date : 21 octobre 2021
Published Date:3 juin 2020

Le web comme miroir de la vie

L’Internet ne crée pas de pornographie, pas plus qu’il ne crée de dépendance, de brimades, de violences, de jeux d’argent, d’isolement social. Il ne s’agit donc pas de faire le procès d’une invention qui, comme tout autre, peut être utilisé pour le bien ou pour le mal. Le virtuel montre plus clairement ce qui était déjà présent avant son avènement. Par conséquent, pour résoudre correctement ce problème, il faut explorer la vie hors ligne de celui qui en est dépendant.

Il n’est pas étonnant que le cybersexe s’enracine généralement chez les personnalités qui manifestent des difficultés dans la vie ordinaire, avec des blessures du passé, en particulier en ce qui concerne l’auto-estime et les relations[1]. Les récits de dépendants révèlent un profond malaise intérieur, un sentiment de culpabilité et de mépris envers eux-mêmes, au point que la navigation répétée sur des sites pornographiques est perçue à la fois comme une forme de besoin et une condamnation de ce qui se passe : il s’agit de la dynamique du crime / punition propre au sentiment de culpabilité. L’autopunition, pouvant fortement entraver un parcours thérapeutique, doit être explicitée et prise en compte lors qu’on veut aider une personne à explorer de nouvelles façons de vivre plus librement et mieux intégrée.

Ensemble avec les relations, les affections constituent un domaine dont la considération est indispensable. L’effort pour reconnaître, exprimer et partager son propre monde affectif, dans un chemin éducatif approprié (en prêtant attention à la dimension cognitive, réflexive, relationnelle), est essentiel pour comprendre ce que l’on attend de sa vie et pour apprendre à se protéger. La dépendance sexuelle traduit le vide d’une vie vécue superficiellement et la recherche de satisfaction immédiate, l’incapacité d’apprécier la valeur de la limite et de la maîtrise de soi qui sont indispensables pour l’estime de soi et pour pouvoir jouir de la vie.

Ce vide s’accompagne d’une attitude de passivité et de renoncement, également caractéristique du dépendant, qui se sent à la merci de forces qu’il ne peut pas contrôler : il cherche donc une compensation dans le fantasme. Le sexe devient une sorte d’anesthésie contre la douleur. À cette image déjà désolante peuvent s’ajouter encore d’autres difficultés et angoisses chez une personne qui entretient des doutes au sujet de son identité sexuelle.

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